samedi 25 septembre 2010

Strabon, Géographie. ( X, 3, 7)


« Les autres, par contre, n'y ont plus le moins du monde rapport, et c'est l'homonymie seule qui a pu tromper les historiens et les induire à confondre avec les traditions relatives aux anciens habitants de l'Aetolie et de l'Acarnanie certains documents connus sous le nom de Curétiques qui en diffèrent du tout au tout et qui rappelleraient plutôt les légendes fabuleuses des Satyres, des Silènes, des Baschi, des Tityres, car c'est aussi comme des démons ou divinités subalternes que les Curètes nous sont représentés par les auteurs des Crétiques et des Phrygiaques, lesquels, on le sait, ont mêlé [à l'histoire positive] maints détails sur les mystères et autres cérémonies religieuses se rapportant soit à la naissance et à l'éducation de Jupiter dans l'île de Crète, soit aux Orgies de la Mère des dieux en Phrygie et dans le canton de la Troade qui avoisine l'Ida.

A la vérité, ces auteurs ne s'expriment pas tous absolument de même, et, s'il en est dans le nombre qui identifient complétement les Curètes avec les Corybantes, les Cabires, les Dactyles Idéens, les Telchines, il en est aussi qui entre les uns et les autres n'admettent qu'une sorte d'affinité ou de parenté comportant de légères différences qu'ils notent et précisent. Mais si l'on s'en tient aux caractères généraux, on peut dire qu'en somme ils s'accordent tous à désigner sous ces divers noms certains enthousiastes possédés de la fureur bachique, qui, dans les fêtes ou cérémonies religieuses où ils figurent comme diacres ou desservants de la divinité principale, épouvantent l'assistance par leurs danses armées et par leurs évolutions tumultueuses exécutées au bruit des cymbales, des tambours, du cliquetis des armes et avec accompagnement de flûtes et de cris stridents. Or, l'identité entre les ministres ou desservants impliquant jusqu'à un certain point celle des cultes eux-mêmes, on peut regarder les religions de la Crète et de la Phrygie comme sœurs des religions de Samothrace, de Lemnos et autres lieux ; question, on le voit, toute théologique et qui, à ce titre, rentrerait plutôt dans le domaine de la philosophie. »

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